Et si Angela Merkel était en train de manipuler l’Europe ?
Angela « la gentille », celle qui était prête à
recevoir tous les miséreux de la planète, serait-elle redevenue Angela
« la méchante » contre qui les Grecs avaient bataillé ?
En décidant de réinstaurer le contrôle aux frontières, la
chancelière prend tout le monde à contre-pied. Certes, l’Allemagne ne peut
« accueillir toute la misère du monde » et en quelques jours, les
Länder ont accepté sur leurs territoires plus de migrants que ce à quoi s’est engagée
la France sur deux ans !
S’agit-il d’une maladresse du chef du gouvernement
germanique ? J’ai beaucoup de mal à croire qu’Angela Merkel n’ait pas
mesuré l’appel d’air qu’elle offrait par ses déclarations. Mais face à
l’inaction des états européens, notamment de la France, et le « rideau de
fer hongrois » ayant fait long feu, la n°1 allemande était obligée de sortir
de sa tanière. Or, la douloureuse histoire allemande contraignait nos voisins à
prendre fait et cause pour les populations déplacées. Aussi, à grand renfort
médiatique, ceux-ci montraient ostensiblement leur sens de l’hospitalité.
L’Allemagne était devenu irréprochable, insoupçonnable. Au passage, Angela
faisait accepter sa politique des quotas.
Avec une maîtrise parfaite du calendrier, l’Allemagne, victime
présupposée de sa générosité, fermait ses frontières, la veille de la réunion
des ministres des affaires étrangères et de l’intérieur européens. La
chancelière rend ainsi un accord nécessaire et obligatoire dont elle conduira
la négociation.
Affichant un succès
économique exemplaire, victorieuse des dernières élections et à l’initiative
sur tous les dossiers européens depuis 2012 (Crimée, Grèce…), la chancelière,
débarrassée de son principal rival, Nicolas Sarkozy, se présente comme le
leader incontesté de la zone euro. Soixante-dix ans après, l’Allemagne a obtenu sa
revanche.