Sommes-nous à la veille de la troisième guerre mondiale ?
A Raymond Aron
(1905-1983) – 32ème anniversaire de sa mort le 17 octobre.
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L’accroissement des inégalités entre le continent africain
et le reste du monde, la pression démographique de l’Afrique et l’aspiration d’une
jeunesse à une vie meilleure provoquent un flux migratoire en Europe sans
précédent.
La déstabilisation du régime syrien et de l’Irak par Daech,
le retour en grâce de l’Iran dans les relations internationales et les
tentations islamistes dans les émirats de la péninsule arabique augmentent les
tensions et la généralisation des conflits au Moyen Orient. Ajoutez à cela, les
conflits ancestraux entre Israël et ses voisins arabes, eux-mêmes en prise dans
une guerre de religion entre sunnites et chiites, et vous aurez les ingrédients
d’une poudrière prête à embraser l’ensemble du Moyen-Orient du Sinaï aux
frontières indiennes, de la Turquie à l’Arabie Saoudite, en passant par les
anciennes républiques soviétiques (aujourd’hui indépendantes) du sud de la
Russie.
L’Afrique et le Moyen Orient alimentent les réseaux mafieux
de migrants, offrant aux populistes de toutes sortes, un terreau favorable à leur
développement.
Les tensions territoriales se ravivent entre la Chine et le
Japon, entre la Chine et l’Inde, entre l’Inde et le Pakistan, entre la Russie
et l’Europe de l’est. Face à l’expansion de l’OTAN née de la chute du mur de
Berlin, la Russie réarme.
Les conflits économiques ne sont pas en reste : monétaires
entre les Etats-Unis et la Chine, commerciaux entre les Etats-Unis et l’Europe.
La récession économique qui touche aujourd’hui la Chine remet en cause le
système du parti unique et la légitimité de ses classes dirigeantes. Les
monarchies du Golfe sont confrontés à la perte inévitable de leur source de
revenus uniques, le pétrole, par le remplacement progressif des énergies
fossiles (ce qui explique la multiplications des investissements à l’étranger
de ces états dont le plus symptomatique est le Quatar).
L’Europe, servie par une classe politique peu talentueuse
dans son ensemble, n’arrive pas à peser au niveau international. Les Etats-Unis
se replient sur eux-mêmes, ne souhaitant (et n’ayant plus les moyens) de jouer
les gendarmes du monde. Quant à la Russie de Poutine, maladroitement déshonorée
dans l’affaire de Crimée, cherche un second souffle et à retrouver sa grandeur
passée (Poutine se rêvant en un nouveau Pierre le Grand).
Pourtant, l’espoir existe toujours :
1.
Il faut alimenter en capitaux l’Afrique afin de
lui permettre de rattraper le retard (le plan Borloo d’électrisation de l’Afrique
est plus que jamais d’actualité).
2.
Il faut réunir la communauté international
autour d’un ennemi unique et commun : Daech. La France doit cesser de
jouer les vierges effarouchées face aux agissements de Bachar El-Assad, alors
qu’elle ne dit mot sur les actes du pouvoir turc ou des exécutions capitales de
l’Arabie Saoudite.
3.
Le règlement de ces deux premiers points endiguera
par construction les flux migratoires et fera reculer les tentations
populistes.
4.
L’Europe doit prendre en main son économie en
uniformisant les règles de politiques budgétaires, en instaurant une fiscalité
commune (impôts directs et indirects – un seul taux de TVA) et en légiférant un
droit du travail européen (et pas seulement en le nivelant par le haut, n’en
déplaisent aux salariés et fonctionnaires français). Ce développement économique
doit se faire avec (et non contre) les B.R.I.C. (Brésil, Russie, Inde, Chine)
auxquels il faut ajouter le Moyen-Orient.
5.
La France doit prendre la tête d’une Europe de
la défense (construction d’une flotte européenne – porte-avions et sous-marins
à propulsion nucléaire ; troupes d’élites au sol – type forces spéciales) et
emmener les états européens à prendre des dispositions de politique internationale
commune (réintégrant notamment la Russie dans le jeu européen, garantissant à
Israël une coexistence pacifique et aux Palestiniens un état indépendant – Jérusalem
étant placée sous mandat international de l’ONU).
En écrivant ce très long article, je me rends compte de l’utopie
des solutions proposées. Mais elles sont réalistes pour tout être humain qui
veut éviter une troisième guerre mondiale ! Je me rends également compte
combien nos politiques sont à côtés de la plaque et qu’ils seraient bien avisés
de relire (pour certains de lire) Raymond Aron.Lire la série d'articles dans Courrier International