"Nos ancêtres les Gaulois..."
Comment, avec la disparition progressive de l’Histoire de France à l’école primaire et la suppression du service national, transmettre dans les familles
la passion de la France ?
En connaissant le passé, on comprend le présent et on
prépare l’avenir. On peut être républicain et ne pas cautionner les massacres
de la Terreur révolutionnaire. On peut être catholique et dénoncer l’inquisition
et la nuit de la Saint Barthélémy.
Quand on aime quelqu’un on l’aime pour ce qu’il est, avec
son passé, avec ses blessures, avec ses croyances, avec ses origines. Pour ça
il faut les connaître, il faut les comprendre, les accepter, les fantasmer et
tant pis si tout n’est pas exactement vrai (ou tant mieux).
Il faut revenir à un enseignement traditionnel de l’Histoire
de France. Les « maîtres d’écoles » du second Empire et des débuts de
la IIIème République ont bâti des générations de petits Français sur une
certitude (erronée) que « nos ancêtres étaient les Gaulois ».
Apprenons aux enfants que nos ancêtres étaient les Gaulois.
Montrons leurs Vercingétorix jetant dédaigneusement ses armes au pied de Jules
César. Expliquons comment, la paix revenue, la Nation s’est construite avec les
Gallo-romains. Faisons leurs découvrir le périple des peuples francs avant leur
installation sur le territoire qui prendra leur nom. Rappelons le baptême de Clovis,
les invasions vikings qui deviendront les Normands, la généalogie de nos rois dont
la mère n’est généralement pas française, Roland à Roncevaux, la guerre de Cent
ans, la poule au pot, Marignan, le traité des Pyrénées. Rappelons les citations devenues historiques des grands
personnages même s’ils ne les ont pas prononcées réellement (« Paris vaut
bien une messe », « L’Etat c’est moi », « Messieurs les
Anglais tirez les premiers ! »…). Décrivons le territoire de la France
(de la Neustrie à l’outre-mer, des traités d’union à la colonisation). Parlons
de la Révolution (des libertés acquises et des chouans), de Napoléon 1er
(de la grandeur de la France et des guerres meurtrières), de Napoléon III (de l’industrialisation
et de la modernisation de la France comme du désastre de Sedan), de la 1ère
guerre mondiale (du soldat inconnu et des tirailleurs sénégalais comme des
exécutions sommaires), de la seconde guerre mondiale (de Jean Moulin à la libération
de Paris et des collaborateurs à l’épuration), etc…
Racontons l’Histoire de France comme un conte. Dans les
contes de notre enfance il y a des princesses et des ogres, des enfants et des
loups.
Apprenons aux enfants que nos ancêtres étaient les Gaulois.
Tant pis si la Gaule est une invention des Romains pour désigner le territoire
qui s’étendait entre les Pyrénées, les Alpes et le Rhin, où vivaient soixante
communautés celtes aux mœurs et chefs distincts. Tant pis si notre aïeul
chevelu et moustachu, bagarreur et patriote est une création de Napoléon III.
On nait français mais on est français surtout par l’amour
que l’on donne à notre vieux pays en reconnaissant son histoire, sa culture
chrétienne (ce qui ne veut pas dire que l’on ne peut pas être d’une autre
religion ou libre penseur), ses lois républicaines (ce qui n’empêche pas de
penser qu’un autre régime serait préférable). On est français quand on cherche
à améliorer la France sans essayer de la changer.