A quand le premier crétin arborant un tee-shirt "Fidel" ? ou les mauvaises fréquentations de la gauche française
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LE 26 NOVEMBRE 2016
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Par Laurent Sailly, directeur de la publication
Fidel Castro
est mort. François Hollande, qui n’est plus à une connerie près, « salut
une figure du XXème siècle… » Pourquoi pas… Comme Staline ou Adolf Hitler
dans ce cas ?
"Mais qu'est-ce qui s'est passé avec Fidel
?", se demande Jean-Luc Mélenchon, semblant regretter la trajectoire prise
par le père de la révolutionnaire cubaine. Si le candidat à l'élection
présidentielle écrit que "demain était une promesse", c'est pour
rappeler que les militants de gauche, de tous pays, attendaient beaucoup de
l'action de Fidel Castro. En vain, le bilan de ce dernier parle pour lui-même,
rendant davantage hommage aux espoirs suscités par Fidel Castro qu'aux
désillusions que son accession au pouvoir a engendrées.
Car comment nier que Cuba n’est pas une
dictature ?
Sauf à considérer qu’un régime marxiste-léniniste,
appuyé pendant des décennies par l’Union soviétique, disposant d’un parti
unique, à la tête duquel un seul individu, surnommé le « leader
massimo » détient tous les pouvoirs comme chef de ce parti unique de 1965
à 2011, premier ministre de 1959 à 1976 et chef de l’Etat (cumulant les postes
de président et premier ministre) de 1976 à 2008, est un régime démocratique.
Son gouvernement est régulièrement dénoncé dans les
médias comme étant une dictature. De nombreux observateurs, think-tank et ONG comme
Amnesty International ont critiqué des dérives autoritaires.
Pourtant les castristes jouissent d'une certaine popularité
auprès d'hommes politiques, notamment Jean-Luc Mélenchon.
« Je félicite Cuba, sa résistance et les contributions
qu’elle a faites à la science, à la culture, au sport et à l’histoire
universelle », déclarait Jean-Luc Mélenchon dans Le Monde Diplomatique de
juillet 2010.
Le soutien de Mélenchon aux frères Castro, Fidel et Raúl, ne s’exprime pas que
par des déclarations. Ainsi, lorsque, le 15 décembre 2010, le Parlement
européen remettait à Strasbourg le prix Sakharov pour les droits de l’homme au
dissident cubain Guillermo Fariñas, après une longue grève de la faim de ce
courageux militant pour faire libérer les prisonniers politiques, Mélenchon
(qui était alors eurodéputé) se leva de son siège avec quelques-uns de ses
partisans pour bien montrer son dégoût et mépris.
« Cuba n’est pas une dictature, pour
moi, clairement, non », déclarait-il sur France Inter le 5 janvier
2011.
« Depuis des semaines, les autorités cubaines
multiplient les arrestations et les mesures de harcèlement pour empêcher les
militants des droits humains et les dissidents de manifester pacifiquement.
C'est un phénomène systématique qui réduit au silence les militants cubains
dans leurs propres rues. Depuis des années, le harcèlement est la règle plutôt
que l'exception à l'occasion de la Journée des droits de l'homme, et ce n'est
pas acceptable. » dénonce Erika Guevara-Rosas, directrice du programme
Amériques d'Amnesty International, en décembre 2015.
Le tropisme des hommes politiques français de gauche
me choque.
Ainsi, en 2015, plutôt que de rencontrer à Cuba les
dissidents politiques, François Hollande a rendu hommage au leader
révolutionnaire Che Guevara. Hollande a oublié que la majorité des Cubains
haïssent le Che.
Car il y a deux Che Guevara.
D'un côté, le héros romantique, immortalisé par la sublime
photo d'Alberto Korda, Guerillero
Heroico, prise le 5 mars 1960 à La Havane, et qui a enflammé les
étudiants de Berkeley et la jeunesse de Mai-68.
D'un autre côté, il y un second « Che », au-delà du mythe,
et plus proche de la réalité. L'idéologue dogmatique ; le procureur des
tribunaux révolutionnaires et l'assassin de centaines de prisonniers politiques
ou de pauvres bougres, déserteurs ou indisciplinés ; le défenseur des crimes du
FLN en Algérie ; le stalinien devenu maoïste; le tueur de sang-froid et,
aujourd'hui, la figure tutélaire des terroristes du Hamas à Gaza, du Hezbollah
au Sud Liban et de toutes les guérillas narcotrafiquants d'Amérique latine. Les
homosexuels sont emprisonnés. Les libertés de la presse et d’expression
confisquées. Che Guevara n’a rien du révolutionnaire romantique et à sa place
au frontispice des criminels politiques tel que Staline ou Mao. Les frères
Castro n’ayant rien à lui envier !
De Cuba au Venezuela, il n'y a qu'un saut de puce, que le
révolutionnaire Mélenchon et le parti de gauche n'hésitent pas à franchir.
« J’appelle François Hollande à reconnaître sans tarder
au nom de laRépublique française l'élection du nouveau président vénézuélien
Nicolas Maduro. » écrit Jean-Luc Mélenchon dans son
blog.
Le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, l’Argentin
Juan Mendez, déclare que le gouvernement de Nicolas Maduro n’a pas respecté ses
obligations en matière de droit international, et plus particulièrement sur la
pratique de la torture.’Pour les autorités de Caracas, ce rapport annuel manque
de « rigueur scientifique ». Mais les organismes
internationaux dénoncent de plus en plus les violations des droits de l’homme
dans ce pays, au même titre que les Vénézuéliens. C’est le cas par exemple de
la femme du maire de Caracas, Mitzy Capriles. Son mari, Antonio Ledezma, a été
arrêté le 19 février dernier, dans son bureau, par un commando d’assaut des
forces de l’ordre vénézuéliennes. Mitzy Capriles, actuellement à Madrid, estime
que ces violations des droits de l’homme sont devenues systématiques. Selon
elle, le simple fait d’être un opposant politique signifie que l’on risque de
finir en prison. Et pour elle, la tenue, cette année, d’élections législatives
devrait accentuer cette tendance.
Alors, si la droite française est sans arrêt soupçonnée de
chercher l'appui du Front National, quelle est la position de la gauche
gouvernementale ? J'attends avec impatience la réponse et avec curiosité le
premier crétin arborant un tee-shirt « Fidel ».