"Allô Fillon, pourquoi tu tousses ?"
Par Laurent SAILLY
"Je vous demande de ne pas céder aux sirènes de l'immobilisme. Les syndicats sont inquiets, mais vous vous attendiez à quoi?", a lancé M. Fillon, lors de la réunion hebdomadaire du groupe LR à l'Assemblée, selon plusieurs participants. "Ne vous laissez pas impressionner par ces caricatures", a-t-il réaffirmé, ajoutant: "Le redressement national, c'est maintenant et tous ensemble", suscitant rires et applaudissements de son public.
Dans une longue tribune au Figaro, François Fillon semble rétropédaler. "L'Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur clé", écrit-il ainsi. "Il n'est pas question de toucher à l'Assurance-maladie et encore moins de la privatiser", insiste-t-il. Fini les notions de petits risques et de gros risques, les premiers devant être pris en charge par les complémentaires, les seconds par la Sécu. Fini aussi la distinction entre affections graves et maladies bégnines, dont le remboursement devait répondre à la même logique. Bref, c’est "le panier de soins solidaires", l’un des pans de son projet présidentiel, que l’on trouve toujours en ligne, qui est abandonné. Le principe : focaliser "l’assurance maladie notamment sur les affections graves ou de longue durée, et l’assurance complémentaire sur le reste". "Il revient à la position gaulliste de la Sécurité sociale, je salue cette clarification", a déclaré sur Europe 1 l’ancienPremier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui n’a pas caché la position délicate dans laquelle se trouvait son candidat et validant le retour en arrière de celui-ci. "Ce n'est pas du renoncement. François Fillon n'a pas varié d'un cil", ose Jérôme Chartier devant Jean-Jacques Bourdin (BFMTV mardi matin) différenciant « projet présidentiel » et « programme ».
Ça patauge dans
les équipes de François Fillon.
Sur la Sécuritésociale, le candidat de la droite (et du centre) a établi un diagnostic précis,
juste et sévère et s’est montré, tout au long de la campagne de la primaire,
intransigeant et déterminé.
Son programme
tenait en 6 points :
1.
Mettre
en place une règle d‘or imposant l’équilibre des comptes
2. Focaliser
l‘assurance publique universelle sur les affections graves ou de longue durée
3.
Suppression
u tiers payant
4.
Créer
une agence de contrôle et de régulation
5.
Redéfinir
les missions de l’Etat en matière de santé
6.
Mettre
en place le Dossier Médical Personnel Informatisé
Les attaques
viennent de la gauche (qui cherche un sujet sur lequel ils peuvent se mettre d’accord)
comme de l’extrême-droite (qui a bien l’intention ainsi de faire oublier les
couacs internes).
A gauche,
Marisol Touraine, ministre de la santé, accuse François
Fillon de vouloir différencier les risques graves, qui seraient remboursés, et
les risques mineurs qui seraient à la charge des personnes comporte des
risques. Ce serait une “rupture
dans le consensus français pour la Sécurité sociale”, “un programme dangereux
de retour en arrière qui va fragiliser les classes moyennes, les personnes
âgées, les familles”. Marine Le Pen, candidate Frontnational à la présidentielle, a accusé dimanche François
Fillon
de vouloir "privatiser" la Sécurité sociale pour offrir "un
nouveau marché" à "son ami" Henri de Castries, ex-PDG d’Axa. C’est ce
qu’elle a affirmé lors
du Grand Jury RTL-LCI-Le Figaro. Avec
Fillon, le petit risque médical est un grand risque pour la sécurité sociale précise un article du site du Front National.
En réaction à la proposition de François Fillon de
ne réserver la sécurité sociale qu'aux affections de longues durées et aux
graves affections, un collectif vient de lancer une pétition,
mise en ligne sur le site change.org, pour sauver la sécurité
sociale. Les syndicats ne sont pas en reste. «En termes de Sécurité sociale, le
projet annoncé est très inquiétant, s’est encore alarmé le 8 décembre LaurentBerger, le numéro 1 de la CFDT.
La défense de l’équipe Fillon est
brouillonne et certainement pas à la hauteur des enjeux.
« La vérité est qu’il n’y aura pas de déremboursement »,
assure Bernard Accoyer. Le député Serge Grouard, qui a piloté l’élaboration du
programme de François Fillon durant la primaire, se veut aussi rassurant. « Les
petits soins et les consultations lambda chez le médecin généraliste
continueront d’être remboursés par la Sécurité sociale comme aujourd’hui, détaille-t-il.
Et je n’ai jamais reçu de demandes particulières d’Henri de Castries ou de tout
autre patron de compagnies d’assurance pour amender le projet de François
Fillon sur ce thème. »
Et ce ne sont
pas les déclarations de Jérôme Chartier ce lundi matin 12 décembre qui
devraient apaiser le débat. La prise en charge des rhumes sera-t-elle toujours
remboursée? "Le rhume, ça dépend de quel rhume. Il faut entrer dans le
détail", a-t-il répondu. "C'est comme ce qu'on appelle la médecine de
confort, c'est quelque chose qui n'est pas défini dans le code de la Sécurité
sociale", a-t-il ajouté. "Je ne suis pas médecin, je ne suis pas
capable de vous le dire, c'est le médecin qui pourra le dire, un rhume si ça
tourne mal, ça peut devenir beaucoup plus qu'un rhume, c'est le médecin qui va
le déterminer", a expliqué Jérôme Chartier.
"Je vous demande de ne pas céder aux sirènes de l'immobilisme. Les syndicats sont inquiets, mais vous vous attendiez à quoi?", a lancé M. Fillon, lors de la réunion hebdomadaire du groupe LR à l'Assemblée, selon plusieurs participants. "Ne vous laissez pas impressionner par ces caricatures", a-t-il réaffirmé, ajoutant: "Le redressement national, c'est maintenant et tous ensemble", suscitant rires et applaudissements de son public.
Dans une longue tribune au Figaro, François Fillon semble rétropédaler. "L'Assurance-maladie obligatoire et universelle, pilier de la solidarité, doit rester le pivot dans le parcours de soins dont le médecin généraliste est l'acteur clé", écrit-il ainsi. "Il n'est pas question de toucher à l'Assurance-maladie et encore moins de la privatiser", insiste-t-il. Fini les notions de petits risques et de gros risques, les premiers devant être pris en charge par les complémentaires, les seconds par la Sécu. Fini aussi la distinction entre affections graves et maladies bégnines, dont le remboursement devait répondre à la même logique. Bref, c’est "le panier de soins solidaires", l’un des pans de son projet présidentiel, que l’on trouve toujours en ligne, qui est abandonné. Le principe : focaliser "l’assurance maladie notamment sur les affections graves ou de longue durée, et l’assurance complémentaire sur le reste". "Il revient à la position gaulliste de la Sécurité sociale, je salue cette clarification", a déclaré sur Europe 1 l’ancienPremier ministre, Jean-Pierre Raffarin, qui n’a pas caché la position délicate dans laquelle se trouvait son candidat et validant le retour en arrière de celui-ci. "Ce n'est pas du renoncement. François Fillon n'a pas varié d'un cil", ose Jérôme Chartier devant Jean-Jacques Bourdin (BFMTV mardi matin) différenciant « projet présidentiel » et « programme ».
On reprochait à
François Hollande de céder devant la pression de la rue. Une nouvelle étape
semble atteinte, à se demander à quoi bon voter. François Fillon n’a pas
commencé à avancer qu’il recule déjà : on n’est pas arrivé.