1ère fortune de France: "Félicitations M. ARNAULT"
©Laurent SAILLY, pour
Méchant Réac ! ®
Bernard Arnault est la première fortune française, selon le
classement annuel des 500 fortunes de "Challenges" de ce
mercredi. Cette nouvelle va faire les choux gras des journaux pendant deux ou
trois jours et alimenter les conversations de famille du repas dominical. On va
s’offusquer, se scandaliser peut-être pour certains, puis on oubliera jusqu’au
classement de la semaine dernière. J’entends déjà « c’est pas normal »,
« c’est trop », « c’est pas juste ». Bref le niveau zéro de
l’argumentation économique laissée à la vindicte populaire.
Quelques éléments de réflexions.
D’abord, éliminons la question posée par toutes les
matinales radio que l’on peut résumer à « c’est bien ou c’est pas
bien ». Très clairement, si M. Arnault n’était pas milliardaire, je ne le serais
pas pour autant. Autant dire que la fortune de celui-ci ne m’enlève rien. Et
quitte à compter les milliardaires, je préfère qu’il soit français plutôt qu’américain,
indien ou chinois, ne serait-ce que parce qu’il paye ses impôts en France (même
déduction faite des niches fiscales et des montages financiers savants).
Ensuite, ce n’est pas Bernard Arnault qui est la première
fortune de France, c’est sa famille. Si j’évalue mon patrimoine en ajoutant l’appartement
de mes parents, ceux de mon frère et de ma sœur, la maison et l’appartement de
mes beaux-parents, ainsi que les voitures de chacun d’entre nous (sans compter
les comptes épargnes de ma fille et de mes nièces), j’ai un patrimoine bien
plus conséquent qu’il n’est en réalité.
Enfin, le patrimoine est constitué des actifs (ce que j’ai)
mais aussi des passifs (mes prêts). Or évaluer la fortune de quelqu’un doit se
faire en déduction de ses prêts. Un exemple : j’ai une voiture et une
maison achetées à crédit, ma « fortune » est la soustraction à la
valeur de ces biens du capital restant dû des prêts en cours. Or Bernard
Arnault et sa famille sont endettés.
Alors, soyons bien clair : je ne pleure pas sur le sort des « Arnault ».
Je remets simplement l’église au milieu du village.
Dans les brèves de comptoir que j’entends
ce matin dans le petit café où j’écris mes articles, j’ai relevé un « c’est
beaucoup trop pour un seul homme » par un habitué qui il y a quelques
temps justifiait le salaire du footballeur Ronaldo. Ou encore un « tu
te rends compte sa fortune a été multipliée par dix-sept en vingt ans »
par un commerçant aisé qui a toujours refusé les propositions d’investissements
dynamiques de son banquier.
Certes Ronaldo donne certes du jeu
à nos concitoyens ; Bernard Arnault donne du pain (via les emplois créés
ou sauvés et le paiement de ses impôts soit à titre personnel soit au titre de
ses sociétés).
La fortune de la famille Arnault a
augmenté (selon Challenge) de plus de 50% en un an. Si vous aviez acheté des
actions LVMH (groupe de Bernard Arnault) le 27 juin de l’année dernière, votre
action acquise à 131,40 € était cotée hier soir 227,15 € soit, déduction faite
des frais de courtage, des droits de garde annuel de la banque et des impôts (sur
les plus-values en cas de vente), une progression de 50%, sans compter le
dividende versé (part des bénéfices) !
Mais qu’avez-vous répondu à votre banquier lorsqu’il vous a conseillé d’investir
un peu de votre Livret A en bourse ?
NDLR: le raisonnement vaut pour toutes les personnes présentent dans le classement.