Montrez-moi ce clitoris que je saurai voir.
C'est une première. Un livre de sciences de la vie et de la Terre (SVT) représente correctement le sexe des femmes. Le manuel de SVT des éditions Magnard publié pour la rentrée 2017, qui s'adresse aux élèves de 4e, représente complètement et sans erreur l'appareil génital féminin, y compris le clitoris -l'organe du plaisir- dans une coupe anatomique. Jusqu'à présent, aucun livre ne l'avait fait.
De tous les nouveaux manuels, un seul a mis à jour son schéma. Tous les autres ont recyclé leurs éternels schémas faux : sans clitoris, ou le mentionnant sans le représenter, ou en le réduisant à un organe de quelques millimètres (alors qu'il en fait 10 cm en moyenne). Pourtant, l'anatomie complète du clitoris (non seulement son gland mais également les bulbes du vestibule et les piliers) est connue depuis... le XVIIe siècle !
Il
était temps ! A une époque où certains justifient l’excision comme
pratique culturelle !
Aux États-Unis, l'imam Shaker Elsayed du centre
islamique de Falls Church, près de Washington DC, a recommandé au début du mois
de juin de pratiquer l'excision pour éviter « l'hypersexualité » chez les
femmes, avant de se rétracter devant le tollé suscité. En France, Tariq Ramadan
est venu à son secours dans une vidéo publiée sur internet. « C'est
controversé, mais il faut en discuter. Nous ne pouvons pas nier le fait que
[l'excision] fait partie de nos traditions », a-t-il déclaré dans la vidéo. Et
de poursuivre : « Il ne faut pas exposer un de nos leaders qui a servi la
communauté pendant plus de trente ans. Il faut nous lever pour défendre nos
opinions, et avant de réagir de manière précipitée sur quelconque sujet, nous
devons avoir une discussion interne. (...)».
Dans
les sociétés où elles sont pratiquées, l’excision est une mutilation sexuelle
dans le seul but de maintenir les femmes sous le contrôle de leur père puis de
leur mari. Le maintien de la pratique est sous-tendu par un ensemble de
croyances culturelles, religieuses et sociales. Les raisons invoquées par les
groupes qui perpétuent l’excision peuvent varier selon la région, l’ethnie ou
la communauté et peuvent se cumuler.
Qu’on le veuille ou non, il s’agit d’une
pratique barbare effectuée en violation des droits fondamentaux des êtres
humains.
TEMOIGNAGES
K.T est excisée depuis l’âge de 10 ans:
« Un matin, ma mère m’a dit, tu vas être une vraie femme maintenant. Mes tantes et mes parents m’ont offert des friandises et plusieurs autres cadeaux. Puis, on m’emmena chez une vieille femme. Son regard profond et froid m’a fait comprendre que quelque chose de grave allait se passer. Elle donna l’ordre qu’on me tienne fermement, les jambes écartées. J’ai cru que j’allais mourir. Je n’avais jamais eu autant mal… J’ai vu du sang et un pansement. Elle m’a tout enlevé. Le clitoris, les petites lèvres et les grandes lèvres. A 18 ans, je me suis mariée. Ma vie sexuelle est un cauchemar. Je suis mère de quatre enfants, après 15 ans de mariage. Pourtant, pour préserver mon couple, je simule l’orgasme... »
Mme D, imposante femme catholique et professeure d’anglais, mère de trois
enfants n’en veut pas à ses parents. Elle fait partie de ces femmes qui ont
accepté l’excision pour respecter la tradition. Mais elle a promis de protéger
ses filles de cette pratique et son mari la soutient dans son combat
:
« Je suis excisée du clitoris et des petites lèvres. A chaque accouchement c’est le calvaire. Pendant les menstrues, les petits morceaux de chair se fragilisent de plus en plus et je suis obligée parfois de mettre un pansement. Lors des rapports avec mon mari, je n’ai aucun plaisir. Lorsque mes copines et moi parlons de l’orgasme, je donne aussi mon avis. Pourtant, je ne sais pas ce que c’est. Pardonnez-moi, mais j’aime mes enfants et je refuse que mon mari prenne une seconde épouse, si je me plains. Je ne fais pas l’amour, je subis l’acte sexuel. A certains moments, mon époux pense que je pleure de plaisir. »