Il faut instaurer un permis de voter !
Pour être électeur en France, il suffit d’être de
nationalité française, d’avoir plus de 18 ans, de ne pas être privé de ses
droits civils et politiques et, être inscrit sur les listes électorales. Ces
dernières formalités administratives réalisée créent le citoyen français, c’est-à-dire
« l’animal politique » lui permettant de donner son avis sur l’administration
de la cité (« polis » en grec). Il peut alors prendre en charge des
responsabilités (du verbe latin « respondere » : répondre de) au
sein de la République (« res publica », la chose publique). Dès lors,
sans expérience professionnelle particulière ni diplôme ou certificat spécifique,
vous pouvez accéder aux plus hautes charges de l’Etat.
Est-ce bien raisonnable ?
La politique n’Est pas une profession. Ce n’est pas pour
autant qu’il faille l’exercer avec amateurisme. Les dernières élections
législatives ont soufflé un vent de renouveau sur l’Assemblée nationale. Mais
après six mois d’exercice de la fonction, de nombreux exemples ont montré l’impréparation
des nouveaux députés. On n’accepterait pas confier notre vie à un conducteur de
bus qui n’a pas son permis de conduire. En entreprise, de l’ouvrier spécialisé au
président, les salariés ont été recrutés sur la base d’une formation ou d’une
expérience personnelle. Dans la fonction publique, un concours est exigé pour
accéder à la fonction souhaitée. Pourtant on confie le destin de notre commune,
de notre département ou de notre région, de l’Etat ou de l’Europe, à des représentants
dont on n’a pas vérifié la capacité d’accomplir la mission pour laquelle ils
ont été désignés.
Il n’est donc pas choquant, en partant de la base, de s’assurer
que la souveraineté nationale, qui s’exprime par le suffrage universel, soit en
capacité de désigner ses représentants.
Si les Français s’intéressent toujours à la politique, leurs
niveaux de connaissance des institutions politiques, des mécanismes
économiques, de réflexions sur les grands problèmes sociaux, de militantisme au
sein d’organisations politiques ou syndicales, sont faibles.
Quelques exemples :
Un sondage réalisé fin 2017 par l’Ifop à l’occasion du 100ème
Congrès des maires de France seul un Français sur deux est en mesure de citer
spontanément le nom de son maire et 39% admettent ignorer son nom.
Selon un sondage Odoxa pour France Info et Le Figaro, six
mois après sa nomination, deux tiers des membres du gouvernement sont inconnus
des Français.
A la même période, seuls 30% des Français connaissent le
taux de l’inflation d’après un sondage réalisé par la Banque de France et l’institut
Kantar à l’occasion des Journées de l’Economie.
Lors des dernières élections présidentielles, un Français
sur deux n’avait pas fait son choix sur le candidat pour lequel ils allaient
voter deux semaines avant le premier tour.
Les exemples peuvent ainsi se multiplier.
Sommes-nous en démocratie lorsqu’un électeur vote pour un
candidat qui a une belle gueule ou inversement ne vote pas pour celui dont la
tête ne revient pas ? Autant tirer au sort !
Dès lors, au droit de vote ne devrait-il pas répondre un
devoir de formation ? On peut très bien imaginer un site internet objectif
donnant toutes les informations utiles permettant un vote éclairé. On pourrait
même envisager que dans les six mois qui précèdent une échéance électorale, la
délivrance d’une carte d’électeur soit soumise à la réussite à un quizz faisant
suite à une formation en ligne spécifique.
L’électeur éclairé, averti, sensibilisé et intéressé
remplacerait l’électeur épidermique, impulsif et ignorant qui a aussi sa part
dans le marasme politico-économique dans lequel nous nous trouvons. Nous
aurions alors un électorat qui vote pour un programme et non plus contre un
candidat.
2017© Laurent SAILLY pour Méchant Réac ! ®